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L’étuve, un confort inégalé

L’étuve, ancêtre de notre salle de bain, est un véritable luxe dans une maison bourgeoise du XVe siècle. Découvrez celle du palais Jacques Cœur !

Envie d’un bon bain chaud ?

C’est aux Romains que l’on doit l’usage des bains chauds. Il perdurera jusqu’à la fin du Moyen Âge. Dès le IXe siècle, des bains publics ou des étuves  voient le jour dans de nombreuses villes.

Au palais Jacques Cœur, une étuve fonctionnait avec un système d’hypocauste.

La salle de chauffe se trouve au rez-de-chaussée, près du puits des cuisines qui permet d’alimenter en eau le système. L’étuve est constituée de deux pièces communicantes, la première est l’étuve proprement dite et la seconde, plus petite et moins chaude, permet de se reposer après avoir transpiré.

L’étuve est accessible depuis la salle de chauffe par trois marches pour les domestiques et par un escalier privatif à l’ouest qui rejoint, à l’entresol et au premier étage, les appartements privés.

À l’origine, dans la salle de chauffe, une cheminée permettait d’alimenter l’hypocauste composé de piles de briques d’une hauteur de 60 cm chacune. Dans l’étuve, un plancher et des bancs en bois pour les hôtes reposaient sur un sol en porphyre (pierre rouge volcanique).

Salle de chauffe

© Palais Jacques Cœur / Centre des monuments nationaux

Qu’est-ce qu’un hypocauste ?

L’hypocauste est un système de chauffage par le sol. Au palais, son alimentation en air chaud s'effectuait dans la paroi gauche de la cheminée, par un conduit rectangulaire situé à la base du foyer. À l'opposé, dans le mur de l’escalier noble existe une bouche permettant l'appel d'air, dont le débit pouvait être régulé par un petit volet en bois donnant sur l’extérieur.

La salle d'étuve, accessible depuis l'escalier droit, forme un rectangle de 2,2 mètres sur 2,60 mètres. Elle est voûtée d'une croisée d'ogives  retombant sur des culs-de-lampe  évoquant la fonction de la pièce, un personnage qui attise le feu et une femme qui verse de l’eau.

Les domestiques versaient dans le lavabo double (à deux cuviers) l’eau froide et l’eau chaude. De chaque côté du mur sont aménagés deux bacs indépendants : côté étuve, les deux bacs sont alimentés par des canalisations à robinets provenant des deux bacs côté salle de chauffe (ainsi l’étuve est alimentée sans pénétrer dans l'étuve elle-même).

Le long des parois de l’étuve court une rigole qui permet de recueillir les eaux de condensation s’évacuant dans la salle de chauffe.

Jacques Cœur ne pourra jamais profiter de tout ce confort, puisqu’il devra s’exiler avant d’avoir pu habiter son magnifique palais…

Palais Jacques-Coeur, étuves, pièce humide

© Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

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