Histoire
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Au cœur de la ville de Bourges, découvrez la « grant' maison » de Jacques Cœur, chef-d’œuvre de l’architecture civile gothique flamboyante, qui préfigure les hôtels particuliers de la Renaissance. Un livre ouvert sur le destin extraordinaire de Jacques Cœur.
L’édifice construit de 1443 à 1451 par Jacques Cœur est l’un des tout premiers exemples de résidence gothique civile, symbole de la réussite du riche marchand devenu argentier du roi Charles VII. Il la voulait « belle, grande et magnifique » : elle était constituée de 43 salles, 8 escaliers, sur 4000 m2.
Il érige sa demeure à Bourges, sur la muraille gallo-romaine, aux confins de la ville haute et de la ville basse, avec deux façades sur rue bien distinctes : une austère, à l’aspect fortifié, et une à l’architecture flamboyante, richement décorée.
Son plan reprend celui des châteaux médiévaux, avec cour, tours et donjon, mais il est aussi un édifice d'un genre nouveau : l'hôtel particulier. Ce dernier reprend certaines caractéristiques des palais de Venise ou de Florence, avec ses galeries, ses larges ouvertures, sa séparation entre cour et jardin.
Jacques Cœur veille sur l’avancée de sa construction dès que ses passages à Bourges le lui permettent, mais il confie le suivi à ses facteurs berruyers : Pierre Jobert et Guillot Trépant.
L’agencement intérieur du monument repose sur une distribution astucieuse qui permet la séparation des parties privées et des parties publiques. Les pièces, appartements privés, salles d’apparat, chapelle, cuisine, étuve et combles à destination de la domesticité, se succèdent tout en étant autonomes puisque chaque pièce donne sur un escalier, un couloir ou les deux. Le confort de la demeure donne à cette architecture la certitude d’un réel modernisme pour l’époque.
Cette magnifique demeure foisonne de sculptures, de devises, de bas-reliefs, de faîtages , de gargouilles qui contribuent à asseoir le rang du propriétaire.
Jacques Cœur clame son allégeance au roi au travers de différents emblèmes comme le lys. Dans la niche côté rue, au-dessus du grand portail d’entrée, une statue équestre du roi Charles VII trônait jusqu’à la Révolution.
De part et d’autre de l’édifice, la signature du propriétaire – un cœur pour son patronyme et une coquille pour son prénom – est inscrite sur les portes, les serrures, les décors sculptés…
La grande devise de Jacques Cœur laisse entrevoir le destin fabuleux de ce personnage hors du commun : « À vaillant cœur, rien d'impossible » (« A vaillans cuers riens impossible »).
Les bas-reliefs situés au-dessus de chaque porte d’entrée représentent une scène qui indique la fonction de la pièce. Comme par exemple, avant l’escalier de la chapelle, trois tympans signalent l’entrée et sortie de messe.
Si son épouse Macée de Léodepart y réside à partir de 1447, Jacques Cœur ne profite guère de sa grant’ maison. Avant même la fin de la construction, suite à des plaintes et rumeurs, le roi le fait arrêter, juger et lui confisque ses biens.
Différents propriétaires se succèdent dont le célèbre Colbert qui le revend en 1682 à la ville de Bourges. Utilisée dans un premier temps comme hôtel de ville, la maison de Jacques Cœur sera ensuite siège de différents tribunaux et palais de justice au XIXe siècle (d’où sa nomination de palais Jacques Cœur). Il subira alors de profondes transformations avant d’être inscrit sur la première liste des monuments historiques en 1840. En 1923, l’État en devient propriétaire et procède à sa remise en état.